50 lignes minimum → histoire + caractère recommandé.

Je ris, je ris beaucoup en ce moment, je ris devant votre petite vie parfaite, vous qui avez eu une enfance sublime, une adolescence en or, rien de vraiment de particulier à noter, enfin rien de particulier ce n'est pas forcément vrai, on vit tous des trucs de particuliers mais pas ce qui m'est arrivé à moi. J'imagine que vous avez eu des parents aimants, qui vous ont élevé dans une jolie petite maison au bord de la mer. Comme je suis contente pour vous, ça serait égoïste de ma part de vous juger par rapport à votre enfance, de me faire une fausse opinion de vous, de vous dire que vous ne savez rien de la vie par ce que vous n'avez pas vécu ce que j'ai vécu et bien, je dois vous l'avouer, je suis totalement égoïste, je ne penses qu'à moi c'est pou cela que je m'apprête à vous raconter mon histoire, je vous préviens tout de suite, elle n'est pas drôle, je m'appelle Elisa Lestrade et ceci est le récit de mes dix-neuf premières années.

Demandez à n'importe qui, ce que symbolise l'enfance pour eux. Ils vous répondrons probablement que c'est une période pleine d'insouciance, d'innocence, sûrement la plus belle période de leur vie, qu'ils paieraient très cher pour redevenir des gosses pour une journée, goûter une nouvelle fois à la tendre joie d'être enfant. En ce qui me concerne, je ne paierai même pas un centime pour redevenir enfant à nouveau, plus jamais, je ne veux plus jamais connaître cette période de ma vie, je veux l'oublier. Je pourrais être une jeune femme sympathique aujourd'hui, mais voyez vous, mon enfance m'a rendue froide, distante, renfermée sur moi-même, réticente à aller vers les autres. Je sais ce que vous vous demandez ce qui a pu rendre une fille aussi mignonne, un tel cœur de pierre, imperméable à l'amour ? « Tuer le père » disait Sigmund Freud, jamais un livre ne m'a paru si important dans ma vie, ce titre c'est en quelques sortes mon leitmotiv. Mais je prends un peu d'avance sur mon histoire.

Vous aurez comprit, mon enfance c'est surtout l'histoire de mon rapport conflictuel avec mon père même si conflictuel semble une bien petite expression pour dire ce qu'il a fait, pour décrire comment il a détruit notre famille. Mes toutes premières années je ne m'en souviens plus beaucoup, c'est surtout des photos maintenant jaunies dans le fond de ma valise. D'après photos nous avons été une famille plutôt heureuse pendant ma toute petite enfance, une famille normale. Il y a des photos de noël, avec mon oncle et ma tante, leurs enfants, je dois avoir à peu près deux ans, ma mère est souriante, ce sourire je veux le graver dans mon cerveau, son visage aussi. Des photos de vacances s'accumulent en vrac aussi dans cette valise qui est un peu le coffre fort de mes belles années, les années où j'étais trop jeune pour m'en souvenir. Les années situées entre ma naissance et mes cinq ans. Car c'est quand j'ai atteint cet âge que tout a basculé à la maison, joyeuse famille Lerham, oui Lerham pas Lestrades, à basculé dans un cauchemar terrible, un thriller digne des meilleurs romans de Stephen King et de Maxime Chattam réunis.

Oui c'est à cette époque là que mon père a sérieusement déraillé. Jacques Lestrades, notable parisien, qui perd tout, travail et situation dans une sombre affaire de magouille. Il a commencé à devenir violent, très violent. Pas contre moi, contre ma mère. Il buvait beaucoup, traînait dans les bars, et quand il rentrait, il confisquait tout ce que ma mère avait gagnée dans sa journée, et il la battait, par ce qu'elle refusait de lui donner son argent pour qu'il aille boire avec ses « amis » au bar du coin. Mois je restais cloîtré dans mon coin, trop petite pour comprendre, mais comprenant bien qu'il y avait quelque chose de pas normal dans le comportement de mon père. Tout ça a duré pendant trois ans. A huit ans, à huit ans, mon père a battu ma mère à mort, il m'a fait jurer de rien dire. J'étais morte de trouille, il me faisait peur, j'avais peur de subir le même sort. A partir de cette époque je ne sortais plus que pour aller à l'école, et encore à l'école personne n'a jamais beaucoup entendu le son de ma voix. Mon adolescence vous vous imaginez bien à été un véritable enfer, je devais étudier et travailler, faire les petits-boulots pour subvenir aux besoins de la « famille », pour lui acheter son foutu alcool. Quand je sortais pour aller le chercher, ivre mort dans un bar, systématiquement il me faisait subir le même traitement qu'à ma mère. Voilà pourquoi aujourd'hui je ne portes pas de dos nus, je ne tiens pas à de que l'on voit les marques de ceinture, pas très glorieux.
Le jour de mes dix-huit ans j'ai décidé de changer les choses, ne plus me laisser faire par ce fou, ce tyran démoniaque. Je suis rentrée chez moi en trombe, j'ai foncée dans la chambre de mon père, récupéré le pistolet qu'il gardait et je me suis avance vers lui. Deux coups, deux balles qui ratent leur cible. La police qui m'embarque, je hurle, j'explique ce que mon père m'a fait, ils ne me croient pas. Un an, je passe un an en prison pour tentative d'homicide. Je ne suis pas retourné chez nous en sortant, on m'a redonné mes effets personnels, un peu d'argent et au revoir, circulez y a rien à voir ! J'ai prit le train pour Monaco, terre de liberté, me suis inscrit à l'Université avec une bourse au nom d'Elisa Lestrades, Lestrades le flic dans Sherlock Holmes, me demandez pourquoi j'ai choisi ce nom je ne sais pas non plus.

Aujourd'hui je suis étudiante en journalisme avec une toute autre vie. Je travaille pour payer mon loyer et ma nourriture. Je garde bien sur des traces physiques, surtout mentales à vrai dire. Je n'ai plus confiance en personne, surtout avec les garçons. Je suis devenue extrêmement manipulatrice, je m'amuse de jouer avec les gens et leurs sentiments. On me prête beaucoup de conquêtes à Monaco, on ne raconte pas comment je les plaques pour parvenir à mes fins. Si vous croisez mon chemin, et bien à vos risques et périls, mesdames et messieurs...