Une, deux, trois, quatre, cinq... les secondes s'écoulaient les unes après les autres. Vingt, vingt et un, vingt deux... c'était réellement une perte de temps que de se tenir là, à attendre patiemment que l'heure tourne et que la sonnerie retentisse. Pire encore, il se demandait pourquoi il y avait une salle de retenue dans une université. Les étudiants n'étaient ils pas adultes ? Alors pourquoi devaient-ils souffrir qu'on les juge sur leurs comportements ? Cinquante deux, cinquante trois, cinquante quatre... il sortit une feuille et commença à rédiger son compte rendu du dernier cours. Il évitait de regarder autour de lui, il souhaitait juste remettre de l'ordre dans sa tête. Comment en était-il arrivé là ? La journée avait pourtant bien commencé. Il s'était levé de très bonne humeur, avait enfilé une chemise et un jean après avoir pris une douche des plus rafraichissante puis il s'était rendu à la bibliothèque.

Tout avait été parfait, du moment où il avait emprunté plusieurs livres sur la biologie cellulaire et l'embryologie jusqu'au moment où il s'était rendu au cours magistral qui avait lieu une heure après. Puis le second cours, l'altercation avec le professeur antipathique et puis cette heure de colle. Morgan savait que sa manie à être d'une franchise maladive lui ferait défaut un jour, il aurait simplement espéré que ce soit plus tard dans l'année. Enfin, à présent il était là, entourer par des étudiants qu'il ne côtoyait pas d'ordinaire ou bien qu'il évitait naturellement par instinct de préservation. Il jeta un rapide coup d’œil autour de lui, pas d'horloge, la joie d'avoir une montre à son poignet le fit sourire puis il reprit sa rédaction tout guilleret. Si ce professeur croyait qu'il allait s'en sortir ainsi, il avait bien tort de le sous estimer mais pour le moment, Morgan était concentré sur ce compte rendu qu'il devait faire.

Et alors que le temps continuait à défiler, seconde après seconde, alors qu'il s'approchait de la fin du premier paragraphe de sa rédaction, il fut surpris de voir atterrir devant lui un bout de papier délicatement plié. Il le prit dans ses mains, il jeta un coup d’œil autour de lui à la recherche de la personne qui lui avait envoyé ça, puis finalement il se décida à déchirer ce message anonyme en mille morceaux et ignorer son monde pour reprendre son travail sous l’œil attentif d'un "surveillant" exécrable. Néanmoins cela avait attisé sa curiosité et en remarquant que le jeune homme à sa droite venait de recevoir à son tour un petit message, plusieurs questions s'imposèrent à son esprit : le message ne m'était pas destiné finalement? Ou bien est-ce que cette personne aurait raté son tire? Mais qui cela peut-il bien être? Et petit à petit il en vint à commencer doucement à reconstituer le message qu'on lui avait envoyé.